
Chassez le naturel, il revient au galop. C’est l’interprétation que l’on pourrait faire à la suite des fréquentes opérations de déguerpissement des emprises de l’espace public. En effet, les populations, par contrainte ou ignorance, réoccupent nuitamment les espaces publics. La nuit, les trottoirs et autres espaces publics sont envahis par les commerçants. A Abomey-Calavi, le phénomène prend quotidiennement de l’ampleur et la responsabilité des autorités communales est interpellée.
LIRE AUSSI:#Bénin/Présidentielle 2021 Le PRD de A. Houngbédji, attentiste à 6 mois du scrutin
En attendant la mise en œuvre des plans de réaménagement et d’embellissement des villes, les vendeurs de nourritures, les prestataires de services des réseaux de téléphonie mobile, les tenanciers de bars et autres débits de boissons prennent d’assaut les trottoirs pour y mener allègrement leurs activités génératrices de revenus.
Si les autorités semblent fermer les yeux sur ce phénomène, les commerçants eux ne se considèrent pas en infraction. Pour Honon, une mère de jumeaux et revendeuses de fruits et légumes sur la route en construction Calavi-Kpoto-Ouèdo, la police ne peut pas la faire dégager. Cette revendeuse, non instruite, estime n’enfreindre aucune loi parce qu’elle n’a pas érigé de baraque sur le trottoir. « Ils (les gouvernants) savent que nous devons mener nos activités pour donner à manger à nos enfants. C’est pourquoi ils nous laissent vendre la nuit » lâche-t-elle naïvement quand elle est interrogée sur le sujet.
Plus loin, à partir du carrefour dit ‘’Aitchédji’’, impossible la nuit pour les piétons de se frayer un chemin sur les trottoirs, pourtant très larges. Vendeurs de viande grillée appelée ‘’chanchanga’’, vendeuses de riz, de charbons, de pain ou encore des expositions de meubles d’occasion ont littéralement envahi les espaces piétons. Obligeant ainsi ces derniers à marcher sur la chaussée, bravant à chaque seconde un accident de la route. Quant aux tenanciers de bars, c’est en maîtres absolus qu’ils règnent sur les trottoirs, installant tables et chaises jusqu’aux abords immédiats de la chaussée. Le pire, c’est l’inconscience de leurs clients qui vous abreuvent d’insultes quand vous osez attirer leur attention sur les risques de fréquentation de tels lieux.
Tout porte à croire donc que les messages de sensibilisation ne passent pas. A mairie d’Abomey-Calavi, un agent, qui a requis l’anonymat, affirme qu’il faut passer aux gros moyens. ‘’Il faut associer la police au combat. Ces vendeurs ne réinstallent quelques minutes après qu’on les a dégagés ; on ne peut passer toute la nuit à les surveiller », déclare-t-il.
Il est à espérer que les autorités communales réagissent afin de mettre fin à l’anarchie. C’est véritablement une question de sécurité et de préservation des vies humaines.