
Jacob Boton
Au Bénin, jamais la classe politique critiquant les actions d’un régime en place n’est tombée aussi bas. Depuis quelques jours c’est un discours curieux que tiennent les acteurs de l’opposition proches de l’ancien Président Boni Yayi et du Professeur Joel Aivo. Les différents acteurs dansent avec les morts.
« A la place d’un projet politique pouvant contrebalancer le fameux PAG de Patrice Talon, l’opposition a entonné un requiem » se désole Benoit Amoussou, membre du parti au pouvoir. Le jeune acteur politique, dénonce une récupération politique et une maladresse des membres d’un parti politique en gestation appelé « Les démocrates ». Selon lui, ils se contentent de compter les morts au Bénin. En effet, le suicide de deux enseignants au mois d’octobre 2020 a permis au parti de revenir au-devant de l’actualité, après la volée de bois vert reçue par Boni Yayi suite à son imprudence sur les dettes laissées par son régime en 2016 .
A travers différents messages de Komi Koutche, ancien ministre des finances, aux jeunes activistes de l’opposition, les acteurs semblent imputer ces drames familiaux au pouvoir en place en relevant les conditions économiques difficiles au Bénin. Pourtant, tout prouve le contraire. Des données macroéconomiques des organismes internationaux aux chiffres de l’OMS sur le suicide au Bénin, leurs allégations n’ont manifestement aucun fondement. Le pays dénombre depuis 10 ans, 1200 suicides par an. Un chiffre qui a progressé légèrement entre 2010 et 2014. Les causes sont connues et sont pour la plupart liés aux troubles mentaux, la dépression et autres. « La tentative de récupération politique orchestrée par les amis de l’ancien président Boni Yayi après une tentative de présenter la démocratie comme projet de société dévoile l’absence de stratégie et l’incurie politique dont font preuve ses leaders » a confié Christophe Goundji membre d’un creuset de jeunes de la société civile.
Depuis 2016, Patrice Talon au pouvoir a entamé des réformes profondes souhaitées et voulues par l’ensemble de la classe politique. L’opposition dénonce ces réformes qui ont souffert d’un manque de consensus. Les proches de son rival éternel Boni Yayi, ont donc décidé de ne pas participer à l’ensemble des réformes à travers diverses initiatives politiques. Au Bénin en 2019, ce bras de fer a conduit à une crise post-électorale. Des partisans de Boni Yayi ont mis le feu à un quartier résidentiel et saccagé des biens publics et privés. Plusieurs béninois ont trouvé la mort. L’opposition se sert aujourd’hui de leurs cadavres pour assurer une propagande sur les réseaux sociaux alors que les internautes et les proches de victimes demandent sans cesse de respecter la mémoire des disparus.