
Cyrille LIGAN
Il est venu, il a vu, mais il ne sera finalement pas resté jusqu’au bout. Sonné sans doute par la position inflexible du parti Restaurer l’Espoir depuis mars 2017, Guy Mitokpè, le loyal homme de Candide Azannaï s’est vu contraint d’abandonner sa famille politique, faute d’un avenir sans boussole. Alors que les indiscrétions lui prêtent des intentions de se présenter aux prochaines législatives dans un parti de la mouvance, l’ancien député joue les prolongations dans l’omerta. Toutefois, cette démission, aussi inattendue que préoccupante, place le député dans ce qu’il convient d’appeler un « no man’s land » politique.
Guy Mitokpè a-t-il lâché la proie pour l’ombre ? Entre réseaux sociaux et politique, l’ancien député n’a jamais abandonné l’espoir de peser dans le débat politique. Sa position à l’assemblée nationale s’est aussitôt acclimaté à la démission de son mentor du gouvernement en mars 2017. Néanmoins, depuis la fin de son mandat électif, c’est le service minimum. Le parti Restaurer l’Espoir est resté dans une position anti-Talon que le loyal homme s’est résigné à suivre. On l’imagine encore aujourd’hui dans son franc-parler. A l’image de ses publications viscérales qu’il balance pour fustiger la gouvernance de Patrice Talon ou déplorer le naufrage de la démocratie. A l’image voilée aussi de la disette qu’il a dû affronter et qui nécessiterait bien la carapace d’un homme de convictions imperméable à la perversité. Mais tout cela, n’est pas de nature à maintenir au poste un homme ambitieux qui rêve de politique. La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase de la patience, s’il y en avait une, serait l’appel au boycott des élections pour la quatrième fois consécutive.
Il faut dire que, laissant derrière lui les polémiques du passé, notamment des prises de position contre le régime du président Patrice Talon ou des soutiens appuyés à la Résistance nationale, Guy Mitokpè serait mal perçu dans une activité politique pour le compte de la mouvance. A moins qu’il parvienne à convaincre d’une telle nécessité. Politiquement, il coche les cases du député idéal : jeune et proche des jeunes, sans langue de bois, honnête et à l’écoute. Cependant, s’il peut se réjouir de la place qu’il s’est faite, le poids politique actuel de l’ancien député peut être sujet à discussion. C’est peu dire que les partis de la mouvance présidentielle ne se précipitent pas pour l’accueillir, tant ils sont saturés et les guerres de leadership font rage en leur sein.
Sans se bercer d’illusions mais avec un fol espoir, Guy Mitokpè sait qu’il faudra du temps pour être repositionné sur une liste électorale dans l’hypothèse où il réussirait à intégrer le camp de la mouvance. Autrement, il pourrait se contenter d’une nomination politique, à défaut de l’immobilisme que lui imposait son ancienne famille politique. Par ailleurs, il flotte aussi dans l’air l’idée que le jeune ancien député pourrait se retrouver dans un autre parti de l’opposition. Cela pourrait expliquer tout ou presque. En effet, pour Guy Mitokpè qui rêve de mobilité politique, fut-ce dans une idéologie semblable à celle de son ancien parti, il est aisé de concevoir qu’il puisse aussi atterrir de l’autre côté de l’opposition, voire positionné sur une liste électorale dans la perspective des prochaines législatives. Là, il serait resté cohérent à sa ligne de départ, avec en prime une participation active à la vie politique.