
Christopher O.
Djougou ! Impossible n’est pas Tchoco Tchoco, serait-on tenté de dire, mais après la douche froide des communales, Adrien Houngbédji et les siens semblent être encore à la croisée des chemins. Le plus vieux parti politique au Bénin, va à la conquête de ses militants à quelques mois des législatives. Pressé par le code électoral, et ramené à la réalité par le score insignifiant obtenu aux communales en 2020, le PRD sort de son fief naturel pour Djougou. Illusion ou erreur d’appréciation, le Parti Arc-en-ciel n’a pas fini d’étonner.
Il faut remonter plus loin pour comprendre ce qui se passe au sein de la formation politique de Maitre Adrien Houngbédji. En 2011, à la veille des élections présidentielles, alors candidat de l’opposition sous la bannière de l’Union fait la Nation, Adrien Houngbédji était accusé d’être à la tête d’un regroupement politique régionaliste. En réalité, l’Union fait la Nation regroupait essentiellement des leaders politiques de la partie méridionale du Bénin. Sous la direction de Bruno Amoussou et Nicéphore Soglo, le parti va présenter Bintou Taro et quelques poids plumes, comme leaders du septentrion, pour corroborer sa “mascarade politique”.
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11 ans plus tard, les faits n’ont pas changé. Le PRD qui a longtemps construit son électorat dans le département de l’Ouémé fait face à la dure réalité du code électoral. Après avoir rejeté la proposition de rejoindre un des deux grands blocs soutenant les actions de Patrice Talon et avoir une assise nationale, le PRD peine à survivre politiquement. Le parti déjà faiblement installé dans les autres régions de la partie méridionale, s’est couvert de ridicule aux dernières élections communales en faisant le pire score de son histoire politique. Le PRD a même raté le rendez-vous de 2021, et n’avait pas de candidat pour la présidentielle.
Le déclin.
En réalité depuis le Renouveau Démocratique, le PRD n’a pas fini de perdre du terrain. Son Président, Adrien Houngbédji a été longtemps considéré par plusieurs observateurs comme l’homme politique ayant fait les plus graves erreurs dans le gotha politique béninois. Surnommé « amassè » à travers une parodie diffusée sur l’une des stations de Radio à Cotonou, il était plutôt perçu comme une éternelle girouette. L’instabilité politique du parti, a fini par frustrer les militants, en poussant de nombreux leaders vers la porte de sortie.
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Alors que 2011 offrait à Adrien Houngbédji le Palais de la Marina, les tchoco Tchoco vont constater que l’électorat fon ne suivra pas les consignes de vote de l’Union fait la Nation. Certains estiment qu’il a été conduit à l’abattoir par ses alliés. Adrien Houngédji s’est remis difficilement du K.O asséné par Boni Yayi, avant de se relever grâce au soutien franc , mais déguisé de l’actuel Président de la République Patrice Talon. il lui offrira l’Assemblée Nationale en 2015. C’est aussi ce passage à la tête du parlement béninois, qui va signer sa retraite politique. Il votera une charte des partis politiques, qui révèlera la nature des partis politiques au Bénin. Depuis, Adrien Houngbédji perd des militants et ses lieutenants.
Djougou, la fort du BR.
Abdoulaye Bio Tchané, Wallys Zoumarou, et surtout Malick Gomina ne laisseront rien au PRD dans la 13ème circonscription électorale. La dernière activité du Parti du Renouveau Démocratique sonne donc comme une mauvaise comédie et un aveu d’impuissance face à l’impasse dans laquelle se retrouvent les Tchoco-Tchoco. “Une poignée de militants rassemblés dans une salle ne peuvent être présentés comme les pions qui relanceront la machine arc-en-ciel depuis le septentrion déclare un leader du Bloc Républicain. Il soutient que l’opération de Djougou, au regard du matraquage médiatique qui l’entoure, avec l’illusion d’une « remontada » demeure cosmétique et la réalité est tout autre. Les différents combats politiques successifs menés par le PRD devraient amener les leaders Tchoco-Tchoco à connaitre la répartition « ethnique » des suffrages au Bénin. Certains partis politiques ne peuvent malheureusement survivre hors de la leur fief. C’est le cas du PRD qui après 32 ans n’a pu conquérir le Plateau contrôlé jusqu’à présent par Séfou Fagbohoun.
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Djougou appartient donc aujourd’hui à Abdoulaye Bio Tchané qui en est aujourd’hui le leader naturel. Il a dans son ombre un certain Malick Gomina, fin limier de l’environnement politique béninois. Pour plusieurs analystes avisés, cette tentative de mobilisation du PRD s’apparente à une mystification. Les organisateurs de la mobilisation de Djougou, affirment que le Parti du Renouveau Démocratique a tiré leçon de ses faiblesses. Cependant, la « Remontada » signalée risque de ne pas prendre dans certaines régions déjà occupées par d’autres forces politiques. Le PRD gagnerait à entreprendre sa fusion avec un grand parti, ou alors fédérer d’autres micros partis à son entreprise politique pour espérer survivre. Autrement le parti disparaitra.