
Cyrille LIGAN
La « hype Djogbénou » se poursuit. Autrefois promis aux limbes judiciaires, celui qui électrisait la Cour constitutionnelle il y a encore deux mois est désormais l’homme fort en cette veille de campagne électorale, au point de bouter hors de la jungle le renard de Djakotomey. Le Progressiste occupe le devant de la scène politique et enraye la mécanique de la razzia pour le 8 janvier 2023. Face à lui, des figures locales et des partis, contraints de négocier leur survie politique, se retrouvent plongés du jour au lendemain dans le grand bain progressiste, devenu UPR.
Il y a de quoi paniquer. Tout bien considéré, la classe politique devrait nourrir des inquiétudes. Même le Bloc Républicain qui se vide au gré du vent mais ajuste ses rangs avec des transfuges poids-plumes grandes gueules. Joseph Djogbénou a parié sur l’envie du renouveau, mais aussi sur l’adhésion des plus modérés à un projet commun. Il ravive le charme de la jeunesse et promet de « conserver l’héritage ». Et cela au sens où ses options politiques sont, à l’évidence, tout autant au service de la vision de Patrice Talon que celui des intérêts du peuple béninois. Son chef-d’œuvre politique est d’avoir réussi à fusionner l’insubmersible PRD et l’UP. Un acte politique qui fait le jeu de ses challengers et surtout des Républicains dont il réduit l’espace.
Face au rouleau compresseur Djogbénou et à l’offensive que réserve l’opposition, le Bloc Républicain ferait mieux à réviser sa stratégie. Autrement, les Républicains pourraient basculer dans la déliquescence et entériner leur perte d’influence au sein de la prochaine législature. Autant dire que, la menace réelle, actuelle et suffisamment sérieuse du Bloc Républicain n’est ni Houndété, ni Hounkpè, mais bien Djogbénou dont le leadership continue de faire mouche et pour lequel le ciel se dégage davantage.
Pour fulgurante qu’elle puisse paraître, l’ascension de Joseph Djogbénou sur la scène politique ne tombe pas du ciel. Il ne serait pas surprenant de voir le parcours couronnée par l’occupation du poste de président de l’assemblée nationale. Une hypothèse certes. Mais l’hypothèse « Djogbénou président » est celle que dessine les contours d’un parti potentiellement majoritaire, soudé autour d’une vision largement partagée, dont il parvient à étendre le champ d’influence. Une influence cependant toute relative car, reconnait-il que « les adhésions ne font pas à elles seules les résultats électoraux ».